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N° 4 | 27 mars 2009 | |||||||
Sommaire | ||||||||
Yves Jégo à Saint Martin | ||||||||
La LODEOM, piège ou avancée? | ||||||||
Lettre ouverte: le Collectif Interprofessionnel de Saint Martin | ||||||||
LODEOM, suite. | ||||||||
Dernière minute | ||||||||
La zone économique de Hope Estate | ||||||||
Rencontre à Hope Estate: Didier Rouxel. | ||||||||
Les banques à Hope Estate. | ||||||||
Le CARICOM | ||||||||
Exclusif: une centrale nucléaire à Saint Martin. | ||||||||
Editorial: | ||||||||
Dire que la visite de Mr Jégo était attendue est un euphémisme. Tellement de questions se posaient relatives aux incertitudes toujours posées par l’évolution statutaire, dans plusieurs domaines, financier, Justice, enseignement, équipements, social, que cette journée (et deux nuits comme il s’est plu à le rappeler) est passée bien vite, même si elle a apporté des réponses tellement concrètes que l’on se prend à rêver. Les avancées sont en effet très importantes. Espérons qu’elles se concrétiseront dans les délais prévus. On peut semble-t-il compter sur le personnage, du moins tant qu’il est à son poste (remaniement???), qui a un parler direct, franc, et sans langue de bois. Comme s’en sont aperçus les professionnels avec qui, selon ses termes, « on s’est dit les choses », ou avec votre serviteur qui a fait l’objet de l’ire ministérielle en réponse à une question d’importance: face au coût du transport maritime nettement plus élevé qu’en Guadeloupe, peut-on espérer qu’au nom de la continuité territoriale, le Gouvernement prenne à sa charge une partie des frais? Que n’avais-je pas dit là? Notre Ministre a éclaté, poliment, mais fermement, avec un discours qui peut se résumer en: « il faut arrêter de prendre l’Etat pour une vache à lait, de ne vivre que de subventions. C’est cela qui tue l’espoir de la jeunesse, qui les conduit à la drogue (sic) ». Je suis d’accord sur le point de vue des subventions qui ne peuvent être la panacée à l’absence d’idées et surtout de fonds, mais comme nous ne manquons ni de l’un ni de l’autre à Saint Martin, voir l’Etat participer à une égalité de traitement, même partielle, avec nos collègues de Métropole ne serait certainement pas pour déplaire à la moyenne des ménagères. Reste que le Ministre a découvert là une situation qu’il ne connaissait pas!!! |
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Yves KINARD |
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Yves Jégo à Saint Martin |
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La visite de Mr Jégo ressemble, pour certains, à celle du Père Noël bien avant l’heure. En effet, le Ministre est venu avec dans sa hotte des réponses nombreuses, précises, positives. A tel point que notre Préfet nous a avoué avoir rarement, sinon jamais, vu dans sa carrière une visite officielle empreinte d’autant de positivisme. Et c’est certainement là aussi le maître mot qu’a martelé Yves Jégo. L’autre mot étant qu’il faut arrêter d’être passéiste. Pour lui, nous avons des atouts considérables qui pourraient en quelques années faire de Saint Martin l’île phare de la Caraïbe. A condition de se retrousser les manches. |
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C’est quasiment au mot près la manière de s’exprimer de ce Ministre sympathique, direct, avenant. Nous avions par le passé regretté avec tout l’Outre-Mer la disparition d’un Ministère remplacé par un simple Secrétariat, mais nous avons gagné avec Mr Jégo quelqu’un qui connaît manifestement très bien son métier. La réception dès son arrivée à l’Hôtel de la Collectivité, avec une heure et demie de retard pour des soucis d’avion, était d’ailleurs impressionnante. Après les discours du Président Frantz Gumbs, du rêprésentant de l’opposition, Alain Richardson, et du Sénateur Louis-Constant Fleming, le Ministre a répondu point par point, sans rien oublier, sans quasiment consulter ses notes, avec une clarté et une précision étonnante. Et en annonçant dans la foulée un certain nombre de mesures qui étaient déjà en elles-mêmes des réponses aux questions juste formulées. Son discours a d’ailleurs commencé, non sans humour, par souligner que cette terre de France qu’était Saint Martin l’était depuis plus longtemps que sa terre d’origine (Franche-Comté) avec un avantage de 30 ans. Il a aussi manifesté un rien d’espièglerie en soulignant en réponse à Alain Richardson que la suppression du bénéfice de l’octroi de mer n’était pas le fait du Gouvernement, mais bien de NOTRE député (Victorin Lurel) qui avait déposé un recours en Conseil d’Etat faisant annuler le programme mis au point par l’Etat. Il est ensuite revenu sur l’application du dispositif mis en place suite aux mouvements en Guadeloupe. Ainsi, dès avril, la prime de 200€ sera versée pour les bas salaires et les minima sociaux, tandis que l’avantage de 100€/mois sera lui aussi appliqué dans la limite de 1,4 SMIC. De même, dès juillet semble-t-il, les charges patronales seront supprimées sur les salaires dans la limite de 1,4 SMIC, et 1,6 pour les secteurs sensibles prioritaires. Nous détaillerons plus loin les autres mesures. Sur la revendication formulée dans le discours du Sénateur Fleming et portant sur « l’oubli » dans la Lodeom des aides pour la restauration des chambres d’hôtel, le Ministre s’est engagé à réparer cette erreur qui, selon lui, ne pose aucun problème. Par ailleurs, en conférence de presse, Yves Jégo s’est montré vraiment très enthousiaste sur la capacité de Saint Martin à se développer. D’après lui, la Collectivité peut mobiliser 30M€ chaque année pendant les 3 ou 4 années futures, ce qui permettra d’obtenir des aides Feder et celles de l’Etat d’une hauteur correspondante, tandis que le faible endettement de la COM lui permettra sans difficulté d’obtenir des concours bancaires soit au total 100M€ injectés chaque année dans l’économie de sxm. Et il y a manifestement dans le discours du Ministre une volonté d’accompagnement de cette Collectivité qu’il découvrait, un peu surpris, beaucoup plus attrayante qu’il ne l’avait craint à Paris. YK |
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La LODEOM, piège ou avancée? |
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La LODEOM que le Ministre Jégo est venu expliquer est un projet de loi déjà bien ancien (et déjà caduc pour certains) puisqu’il date de juillet 2008 et qu’il arrive seulement à la Chambre des Députés le 7 avril après être passé au Sénat le 13 mars. Ce que le Ministre est venu nous expliquer n’est donc pas encore définitif. Si l’on peut se réjouir des avancées en notre faveur, n’était-ce pas un peu prématuré ? Espérons que les Députés ne retoucheront pas trop ce texte dont le moins que l’on puisse dire est qu’il a été long à accoucher. |
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La Loi d’Orientation Economique des Outre-Mer (et non plus de l’O-M, amendement Georges Patient) représente un poste budgétaire de 1.522.419.747€ contre 1.357.884.990€ en 2008 pour les exonérations lois Girardin-Fillon. Une progression donc de plus de 12%, ce qui, dans le contexte actuel, traduit bien la volonté du Gouvernement de répondre à la situation préoccupante de l’Outre-Mer. Ainsi, c’est quasiment la totalité des 33 amendements présentés par le Gouvernement au Sénat qui ont été repris, la plupart en réponse à la crise dans les Départements d’Outre-Mer. « le texte contient quelques pièges » Mais le texte finalement adopté contient quand même quelques pièges. Ainsi par exemple, la défiscalisation peut maintenant s’appliquer aux câbles sous-marins, éligibles dorénavant à 50% sur le premier câble, et 25% sur le câble de secours, ce qui nous intéresserait pour la pose de nouvelles fibres optiques améliorant notre liaison internet, dans un sens souhaité par le Ministre qui voit Saint Martin comme une plate-forme pour le télétravail. Cependant, si l’on en croit Mr Flosse, le Sénateur de Polynésie, « la Loi de Finance de décembre 2008 limite les avantages de la défiscalisation à un seuil si bas qu’il est absolument impossible de financer des investissements d’un tel coût ». Toujours au niveau de la défiscalisation, celle relative aux navires de plaisance est maintenant limitée à 50% (au lieu de 70%), ce qui évidemment est moins favorable à nos entreprises locales qui utilisent ce moyen de financement de leur outil de travail. Là aussi, les effets déjà négatifs de la Lodeom sont encore réduits, et cela se sait peu, par les effets de la même loi de Finance qui fixe maintenant le plafond, au-dessus duquel il est obligatoire de demander un agrément, à 150.000€ (au lieu de 300.000). A ce sujet, le secteur industriel est aussi touché. Il bénéficiait précédemment d’un plafond de 1.000.000€ sans agrément alors que maintenant dès 150.000€ tout doit passer sous les fourches caudines de Bercy. Avec la lourdeur et la lenteur que l’on connaît à cette administration. « des imprécisions et des incohérences... » Comme nous le disions dans l’éditorial, le Ministre s’est emporté en conférence de presse sur une question relative au subventionnement du fret. Or, curieusement, la Lodeom prévoit précisément une aide au fret pour les intrants/extrants avec l’Union Européenne. Mais cela ne concerne que les produits qui subiront une transformation sur place. La moitié du chemin était donc faite, et comme cette disposition ne concerne pas vraiment l’activité de Saint Martin, en quoi doit-elle être présentée comme une avancée ? Pourquoi ne l’a-t-on pas élargie à l’alimentaire ? La continuité territoriale est aussi un point d’achoppement. Existant dans le projet de loi d’après le Ministre, nous n’y avons trouvé trace que par rapport à la liaison Guadeloupe-Métropole (340€) et pour ce qui concerne Saint Martin uniquement pour les liaisons intra-Antilles. Autre sujet d’interrogation, celui de la rénovation hôtelière prévue à hauteur de 7.500€ (par chambre, et pour les premiers 100 chantiers par hôtel) mais oubliée à Saint Martin. Le Ministre s’est engagé dès la réunion à la Collectivité, à son arrivée, et suite à une question de Louis-Constant Fleming, à réparer cet oubli qui, d’après lui, ne pose pas problème, mais reste à voir si cela se traduira effectivement lors du passage devant les Députés. Enfin, dans le cadre du fond exceptionnel d’investissement, l’Etat nous a déjà annoncé le financement à hauteur de 10M€ (nous l’annoncions dans notre précédent numéro) de trois projets publics : construction d’un restaurant scolaire et d’une cuisine centrale, la construction d’un réservoir à Concordia, et la reconstruction de celui de Galisbay. Un autre exemple d’insatisfaction est celui des zones franches. Leur périmètre a été étendu, mais on ne sait très bien pourquoi (manque de lobbying de notre part ???), Saint Martin est complètement oubliée de la liste. Seuls les grands DOM, comme Martinique, Guyane, Réunion et Guadeloupe sont concernés alors même que cela nous aiderait bien face à la disparité économique avec la partie hollandaise. « nous « bénéficierons » quand même des avancées du texte... » Ceci dit nous « bénéficierons » quand même des avancées du texte. Le bonus exceptionnel plafonné à 1500€/an et non soumis à charges patronales, ni salariales (à l’exception de la franchise sociale de 2% pour les patrons, et la CSG et la CRDS pour les salariés) que les patrons peuvent choisir de verser à leurs salariés constitue aussi une avancée dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, sans peser trop lourdement sur les résultats des sociétés, dans la mesure des réductions de charges. Ainsi, un patron qui augmente de 50€ le salaire de ses employés ne déboursera que 55€ au lieu des 80 précédemment. Mais là encore avec deux bémols, le Gouvernement ayant fait adopter qu’il ne pourra être versé (et bénéficier de la mesure d’allègement des cotisations) qu’en vertu d’un accord interprofessionnel signé en 2009 qui en définit les modalités ou peut renvoyer à des accords de branches ou d’entreprises. Ce qu’il faut encore faire ici, puisque ce type d’accord n’est intervenu qu’en Guadeloupe (le 26 février) et en Martinique (le 3 mars) et que bien évidemment ces accords ne nous concernent en rien. Cet amendement va dans le sens voulu par le Gouvernement de sensibiliser les partenaires sociaux. Le deuxième bémol est évidemment la porte ouverte sur des revendications salariales qui conduiront inévitablement à déséquilibrer un peu plus la concurrence avec la partie hollandaise. « notre économie mise sous pression.. » D’un point de vue de l’emploi qui était très certainement l’intention sous-jacente du Ministre, l’alignement sur les acquis issus des conflits en Guadeloupe et dans les autres DOM conduit à la mise sous pression de notre économie par le dispositif étatique sans prendre réellement en considération nos spécificités lourdement marquées par la proximité hollandaise. Parce que, et c’est là sans doute un autre piège, si on donne d’une main, c’est pour reprendre de l’autre. D’une certaine manière, lors de sa petite « colère », le Ministre a laissé échapper une vérité, c’est qu’on ne peut demander le beurre et l’argent du beurre. On ne peut demander à bénéficier des aides Feder, par exemple, et refuser de supporter les coûts de transport en provenance de l’Europe induit par notre obligation d’approvisionnements de produits (principalement alimentaires) aux normes européennes. Et tout est à l’avenant. Autant dire que si vous acceptez la prime de 100€ (RSTA) vous devez faire un effort sur les salaires, puisqu’en plus le Gouvernement vous allège les charges sociales. Concrètement au niveau des entreprises, les charges patronales sont réduites à zéro sur les salaires jusqu’à 1,4 smic, et même jusqu’à 1,6 smic pour les secteurs dit sensibles ou prioritaires (le tourisme, recherche-développement, nouvelles technologies de l’information et de la communication, environnement et énergies renouvelables, agro-nutrition. A noter que c’est suite à un amendement défendu par notre Sénateur, contre l’avis de la commission des finances, mais avec le soutien du Ministre, qu’il est passé. Au début, seul le tourisme était concerné). Pour les petites entreprises de moins de 11 salariés, les exonérations ou réductions sont étendues jusqu’à 4,5 smic. « bénéficiaires sans rien avoir demandé... » La prime de 100€/mois au titre du RSTA (Revenu Supplémentaire Temporaire d’Activité, en attendant le RSA) dans la limite de 1,4 smic sera versée dès mars (semble-t-il, mais nous avons quelques doutes, ce sera plus vraisemblablement vers juillet) pendant 2 à 3 ans. A noter que cette prime est le résultat de l’accord Bino, du nom de ce syndicaliste mort durant la grève en Guadeloupe, et qu’il est étendu aux autres DOM. Le Ministre vient donc de nous confirmer que nous serions bénéficiaires….sans rien avoir demandé. Pour ceux qui vont le percevoir, c’est assurément un bien. Mais l’on peut craindre le corollaire qui sera la pression du Gouvernement (via Mr Jégo, ou son successeur) sur les patrons pour accorder un bonus supplémentaire, en cas de revendication, comme nous le disions plus haut. L’Etat versera aussi aux cantines scolaires 20% du ticket pour autant que 50% des aliments proposés soient d’origine locale. Vu notre production locale pléthorique à Saint Martin, le Ministre s’est empressé de préciser que local s’entendait au sens large comme étant les Antilles. La loi prévoit aussi des abattements de base imposable (impôts sur les sociétés, sur la taxe foncière non bâtie et sur la taxe professionnelle) de 50% (et même 80% dans les secteurs sensibles). Etant donné qu’on rentre là dans le champ de compétence de la Collectivité, on attend de voir comment celle-ci va traduire les mesures Gouvernementales. Par ailleurs, le Ministre a été clair en affirmant que la prime de 200€ sur les bas salaires et les minima sociaux serait bien versée dès avril. Un volet important a été peu sinon pas abordé, c’est celui relatif aux logements sociaux dont certaines dispositions devraient concourir à faciliter le montage de nouveaux projets, ce qui serait bénéfique au BTP. Seule interrogation, mais pour laquelle nous n’avons pas encore de réponse, ce programme concerne-t-il Saint Martin qui n’apparaît pas dans la liste des Dom, et encore moins des Com dans les documents émis par le Ministère que nous avons pu consulter. « un texte mitigé, peut-être pas très bien adapté à la réalité de l’île.. » Au final, ce projet de texte de loi apparaît un peu bancal et piégeux. Il recèle de bonnes choses, mais à l’analyse apparaît amoindri et plusieurs des dispositions ne concernent pas Saint Martin ou ne sont pas encore applicables, ou le seront difficilement, ou n’auraient même pas dû nous concerner. Reste aussi à voir ce qu’il restera de cette loi une fois qu’elle sera repassée devant les Députés (et peut-être une navette) qui pourraient très bien la vider de son sens et de son efficacité. D’une certaine manière, ce texte n’est-il pas la porte ouverte pour susciter ici aussi des mouvements sociaux dans un contexte très différent de la Guadeloupe pour ne citer que le Dom le plus proche ? Mais il reste aussi des interrogations qui n’ont pas été levées (à notre connaissance) par la visite du Ministre, c’est le point de la Loi Organique qui prévoyait une commission mixte en vue d’étudier le plan de rattrapage de nos équipements structurants. Où en est-on ? ■ YK |
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Lettre ouverte | ||||||||
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LODEOM, suite. |
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Si la visite de Mr Jégo s’est faite au pas de course, elle a néanmoins été très riche par la variété des rencontres et l’abord facile du Ministre. Ce n’est pas pour autant que tout a été rose. En effet, le vendredi midi, le Ministre avait invité les professionnels (ce qu’il n’a pas manqué de rappeler assez lourdement) à sa table au restaurant le Bacchus à Hope Estate. Des échos que nous avons eu (la presse n’était pas invitée), les discussions ont été tendues et ont entretenu un certain malaise chez les professionnels, le Ministre ayant fait preuve de quelque impatience, ce qu’il a traduit à la presse le soir même par un « on s’est dit les choses ». Il est ressorti de cette entrevue que Yves Jégo a fermement engagé les professionnels de s’organiser, d’étudier des propositions, et de lui préparer un projet cohérent de relance économique à long terme. Globalement, la lettre ci-contre, qui ne représente pas tous les professionnels de Saint Martin, mais une grande majorité quand même, va dans ce sens et comporte déjà des demandes précises. Insuffisantes cependant pour le Ministre qui veut aussi des propositions de solutions. Un autre point à souligner, est qu’on nous a présenté certains aspects de la Lodeom comme des avancées répondant à la crise en Guadeloupe. Or les premiers travaux sur le texte de la Lodeom datent du début 2008 et comprenaient déjà ces dispositions, comme d’ailleurs le texte présenté en Conseil des Ministres le 29 juillet 2008, mais récemment amendées sur des détails. Par ailleurs, ces dispositions à caractère social et économiques répondent principalement à la situation particulière de l’Outre-Mer et ne constituent en rien un cadeau et, de plus, ne vont pas assez loin. Pour certains, comme Jacques Gillot (Président Conseil Général Guadeloupe) qui s’est d’ailleurs abstenu lors du vote, « le texte n’affiche pas d’ambition et d’audace au regard des enjeux colossaux de l’outre-mer en termes de développement économique, d’emploi des jeunes, de logement social et de finances des collectivités locales ». La Lodeom doit maintenant repasser devant les Députés et l’on attend avec intérêt quelle va être leur position. ■ YK |
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Dernière minute: |
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Tant qu’à faire de poser des questions, autant y répondre. Deux points avaient soulevé notre intérêt. Zones franches locales. Dans notre texte nous soulevions déjà que Saint Martin avait été « oubliée » sans doute par manque de lobbying, tandis que les professionnels soulèvent (page suivante) le même point, réclamant une exonération totale des charges sociales sur 5 ans. Le problème des zones franches locales porte sur deux aspects, l’un fiscal, l’autre social. Or, les deux semblent aller de pair, et comme nous avons la compétence fiscale, nous ne saurions être concernés par ce texte. Commission de rattrapage. La question a bien été posée au Ministre, mais sans apporter de réponse. Après enquête, il apparaît que le rattrapage a été une grande revendication de l’équipe en place à lors des négociations pour la Loi Organique. Mais à l’époque, Le Ministre Baroin ne voulait pas en entendre parler. Nos élus ont donc fait un important lobbying auprès de nos Député et Sénateur, mais aussi avec d’autres de l’Outre Mer. Opération qui a porté ses fruits contre l’avis du Gouvernement qui n’y était pas favorable. Mais au final, au lieu d’avoir un rattrapage chiffré dans la loi, nous n’avons qu’une commission mixte Etat/Collectivité. Et si l’un traîne des pieds, difficile de faire avancer les choses…. |
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Aéroport de Grand Case, la réponse de l’architecte. J'ai toujours été partisan de tout raser et de tout recommencer mais en 1998 le Conseil Général souhaitant économiser m'avait demandé de conserver l'existant et de faire de "grosses réparations", puis avec un plus de moyen il a été décidé de faire des parkings et une salle d'embarquement ! Nous sommes maintenant en 2009 soit 11 ans après, et je pense que cet instrument doit être détruit et reconstruit. Michel Corbin, architecte maître d’œuvre. |
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La zone économique de Hope Estate |
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La zone de Hope Estate connaît ces dernières années une expansion impressionnante qui n’a pas manqué d’intéresser le Ministre Jégo lors de sa visite. Une belle vitrine du développement de Saint Martin. |
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En quelques années, la ZAC de Hope a pris une ampleur impressionnante, décentrant complètement le centre économique de Saint Martin. L’initiative en revient à François Petit, propriétaire des terrains qui cherchait depuis longtemps à y faire quelque chose. Après quelques contacts infructueux, dont Carrefour qui devait implanter là un centre commercial, le promoteur s’est finalement orienté vers une zone artisanale dans sa première phase, et commerciale dans la deuxième. Aujourd’hui, ce sont plus de 70 entreprises qui sont installées sur le site avec un investissement global, bâtiments et matériel qui se situe entre 100 et 130 M€. Environ 250 personnes travaillent sur le site, et bien qu’il soit difficile d’obtenir des informations auprès de toutes les sociétés, on peut estimer le chiffre d’affaires réalisé dans cette zone à environ 150 M€. Il reste encore une soixantaine de lots disponibles ce qui confèrera au site une première place économique incontestable sur l’île, même par rapport au côté hollandais. La proximité de l’aéroport pourrait se révéler un atout précieux, car, au cas où il se développerait, une interaction forte pourrait s’établir (par exemple plateforme de redistribution de courriers express). Inversement, cela pourrait être une bonne raison pour lui de se développer (voir notre article dans le n° 3). Une zone commerciale en plein développement. Aujourd’hui, même si le lotisseur a fait une partie de son travail, il reste pour mettre à niveau les infrastructures communes à finaliser divers aspects. Certains sont un peu regrettables, mais dépendent, semble-t-il, de la bonne volonté de France Telecom qui tarde inexplicablement à mettre en place l’internet à haut débit. La plupart des sociétés dépendent aujourd’hui du relais wifi installé par Domaccess sur les collines en face avec un débit relativement peu élevé de 700 Kbits/sec, ce qui est bien faible pour une activité industrielle. Mais apparemment, cela devrait changer prochainement. Les abords et les éclairages souffrent aussi d’une finition incomplète, mais peu à peu, tout devrait rentrer dans l’ordre. C’est malheureusement pour le moment, le plus souvent, les sociétés qui doivent elles-mêmes investir dans des travaux (trottoirs par exemple) qui auraient dû être faits précédemment. La deuxième zone, essentiellement commerciale avec l’implantation de US Import, de Bacchus, de la Seigneurie, de Bioman, notamment, est beaucoup plus soignée et avenante. Dès l’ouverture de US envisagée vers juillet, si tout va bien, l’endroit devrait connaître l’affluence. Actuellement, la zone toute neuve est peu fréquentée, et tout le monde attend avec impatience l’ouverture de la grande surface qui dynamisera l’activité commerciale. Une belle vitrine. Interrogés, beaucoup de chefs d’entreprise se montrent vraiment heureux de ce déménagement (le plus souvent) ou de cette implantation dans la zone. Facilité d’accès, parking, cadre, oubli des éternels embouteillages de Marigot, accessibilité de la zone hollandaise sont autant d’atouts qui devraient continuer dans les prochaines années à voir arriver de nouvelles sociétés. Une très belle vitrine pour Saint Martin comme l’a bien compris Mr Jégo lors de son passage. ■ |
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Le bâtiment de la soiété Lapierre's Marble, sans doute le plus bel immeuble de Saint Martin, dû au crayon de Mr Lapierre et la touche finale de l'architecte Mauricio Lanari. |
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Rencontre à Hope Estate: Didier Rouxel. |
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C’était il y a 25 ans déjà ! 25 ans que Didier Rouxel est arrivé sur l’île avec en poche une formation dans le domaine du bâtiment et un contrat pour s’occuper de développer la toute nouvelle ZAC de Galisbay (derrière Match Howell Center). |
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C’est en effet en 1984 que cet originaire d’Evreux arrive à Saint Martin. A l’issue de son contrat, conscient qu’il y a d’importantes possibilités et de l’avenir sur l’île, il décide de rester et de lancer sa première entreprise dans le domaine du dépannage et agencement de magasins en 86. Commencée seul, l’activité réclame peu à peu du personnel. Avec un entrepôt à Galisbay et un petit bureau au Village, il organise très vite ses équipes autour d’une réactivité importante, notamment par l’usage de la CB à une époque où le téléphone portable n’existait pas encore. Sa clientèle est essentiellement constituée de petits magasins, de restaurants, mais aussi de villas. Le marché très ouvert lui permet de se développer rapidement. Dès 87, il intègre le travail du bois dans ses activités de manière à répondre en interne à la demande pour des agencements ou aménagements sur mesures. De dépanneur, il devient peu à peu créateur de neuf. Il revendra d’ailleurs son activité dépannage en 96 pour se consacrer uniquement au secteur menuiserie. Il participera peu au boum de la défiscalisation pour se consacrer à ses secteurs traditionnels en expansion. « un précurseur.. » En 89, il sera l’un des trois premiers à s’installer dans la toute nouvelle ZAC de Bellevue avec les peintures Gauthier et un marchand de poisson. Longtemps, il restera confiné dans ses 300m². Mais c’est 91 qui marque un vrai tournant avec la visite des gens du Four Season (hôtel de luxe à Nevis) qui ont un important projet de 128 villas autour d’un golf. Hôtel de luxe, exigences élevées sont les bases du challenge. Durant six mois, Didier Rouxel et son équipe étudient et réalisent des prototypes qui lui permettront de remporter la commande. De ce premier important marché découlera toute l’orientation de l’activité actuelle marquée par une créativité importante tournée essentiellement vers l’export. Sans négliger pour autant le marché local ou proche comme Saint Barth et Anguilla. Aujourd’hui, il emploie 27 personnes et propose ses produits dans une douzaine d’îles de toute la Caraïbe. C’est en 2001 qu’il choisit de s’installer en précurseur (il est le premier) dans la toute nouvelle ZAC de Hope Estate que vient d’ouvrir François Petit. Avec 2000 m² d’ateliers et de bureaux, opérationnels depuis le 22 décembre 2002, un parc de machines complètement neuf et aux normes, il dispose d’un outil de fabrication extrêmement performant. Son produit phare est la claire-voie adaptée pour des portes ou des fenêtres. Ce type de fenêtres traditionnelles dans les Antilles a cependant été modernisé par Didier Rouxel. Le choix des bois tout d’abord, des bois rouges importés du Brésil ou du Guyana Britannique, les articulations en inox ensuite, et enfin des petits joints entre les lames concourent à démarquer le produit de ses concurrents. Le bureau d’études a développé divers produits de haut de gamme comme des portes accordéons, mais aussi des meubles, des cuisines, meubles de salle de bain, salle de TV. Tout est fait en interne, même la peinture, avec des machines et un atelier aux normes européennes. Le personnel est essentiellement recruté sur place à l’exception du dessinateur introuvable localement. Didier Rouxel remarque d’ailleurs recevoir énormément de stagiaires du lycée, mais curieusement, aucun ensuite ne vient se présenter pour du travail une fois son diplôme en poche. Pourtant, la politique de la maison est d’essayer autant que possible de donner du travail aux locaux et surtout de fidéliser cette main d’œuvre qui, évidemment, est formée aux techniques de la maison. Le chiffre d’affaires est réalisé pour 70% à l’export. Il est donc très remarquable de montrer qu’ici à Saint Martin, une petite dizaine d’entreprises au moins exportent dans le bassin caribéen malgré un handicap de départ qui est le coût de production en zone française. L’explication est à trouver dans la qualité du produit plutôt haut de gamme et aussi dans une politique de formation d’installateurs locaux. Plutôt que d’envoyer son propre personnel sur des chantiers à l’extérieur, Didier Rouxel préfère soit former ici à Saint Martin, mais le plus souvent consacrer quelques jours sur place à former un installateur à même de s’écarter de ses techniques traditionnelles pour adopter celles propres aux produits « maison ». « les problèmes à l’export.. » Le coût de la main d’œuvre en partie française n’est pas le seul frein à l’exportation. Il y a aussi le fait que Saint Martin ne fait pas partie du CARICOM (voir encadré). Cela a pour effet de surcharger les produits de taxes à l’importation qui peuvent le rendre complètement non compétitif. Ainsi, exporter des produits manufacturés en bois, à Anguilla par exemple, suppose des droits de douane à l’entrée de 22% jusqu’à 68% à Sainte Lucie. Alors que les membres de ce marché commun ne sont taxés qu’à hauteur de 5%. Pourquoi Saint Martin n’en fait-il pas partie ? Mystère. Apparemment, Didier Rouxel a déjà questionné nos autorités qui n’ont, par le passé, marqué aucun enthousiasme, malgré la proposition par Didier Rouxel de contribuer à la chose lors de déplacements pour cause d’achat de bois au British Guyana, dans la mesure où le siège de l’organisation se trouve précisément dans ce pays. Notre homme remarque aussi que sa société est en quelque sorte ambassadrice de Saint Martin. En effet, via son site internet, entre autre, des clients de toute la Caraïbe découvrent ses produits qu’ils viennent ensuite voir sur place. Ne connaissant pas, bien souvent, Saint Martin, ils en profitent pour visiter pour ensuite y revenir en touristes (notamment à cause de l’abondance de produits inconnus ou hors de prix chez eux). Une entreprise exportatrice est donc aussi un vecteur non négligeable de notre tourisme, puisque ces visiteurs feront à leur tour notre promotion. A méditer. L’entreprise Rouxel démontre que la qualité peut nous permettre de nous démarquer et notre compétence peut faire la différence même sur des marchés difficiles. C’est aussi une entreprise respectueuse de l’environnement puisque les bois importés d’Amérique du Sud sont fournis avec une attestation prouvant que la vente a été effectuée dans le cadre d’un développement durable, c’est-à-dire, par le reboisement des espaces coupés. Et il se promet d’aller un jour vérifier sur place la réalité de ces assertions. Aujourd’hui, l’entreprise accuse la crise avec une baisse d’activités de près de 40% depuis novembre 2008, essentiellement due à des arrêts de chantiers, renvoyés à des jours plus propices. Ce qui lui impose une prospection plus importante que par le passé pour trouver de nouveaux marchés. Certains signaux laissent présager que le secteur va bientôt redémarrer. Didier Rouxel se veut résolument optimiste pour l’avenir. Saint Martin reste pour lui en zone porteuse. Yves KINARD |
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Les banques et Hope Estate |
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Pour mener cette enquête sur le développement de la zone de Hope Estate, nous avons interrogé un maximum de dirigeants de sociétés afin de disposer de différents chiffres. Une des questions portait sur le mode de financement des investissements. |
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Les montages ont régulièrement fait apparaître l’utilisation des fonds propres, mais aussi, et c’était une surprise, le recours au crédit auprès de banques de Saint Martin. Surprise, parce que jusqu’à présent certains croyaient le secteur bancaire local peu prêteur. Il n‘en est rien. Nous avons rencontré Mme Page, la Directrice de la BDAF, l’une des deux banques dont le nom est revenu le plus souvent dans notre enquête (l’autre étant le Crédit Mutuel). Elle nous précise les faits suivants : le banquier doit quelquefois faire face à des dossiers trop succincts, incomplets, manquant de références, une étude de marché trop sommaire voire inexistante. Son rôle est de garder un regard objectif sur le projet dans sa globalité, de tenir compte de la situation de l’emprunteur, de la situation économique actuelle et future, de l’évolution du marché concerné, de la pertinence du projet et évidemment il doit valider le montage financier. Il arrive bien sûr qu’un projet ne soit pas satisfaisant, dans ce cas, le banquier endosse alors le mauvais rôle, celui de dire non. D’où la mauvaise réputation des banques de Saint Martin, qui, soyons francs, tient plus à la qualité des dossiers qu’aux banques. Mme Page note néanmoins une amélioration certaine de la qualité des dossiers présentés ainsi que de la qualité des entreprises emprunteuses qui, en dix ou quinze ans, ont progressé et sont maintenant à même de présenter leurs documents comptables ; bilan, compte de résultats, sont effectivement indispensables, ainsi la confiance peut s’installer conduisant à l’éventualité d’un prêt. «les banques accompagneront le développement de la zone » Dans le cas de Hope Estate, le développement spectaculaire, dont une large partie a été financé par les banques, découle essentiellement dans le sérieux des interlocuteurs, les références bien souvent locales (deuxième établissement, déménagement, agrandissement) et l’intérêt du projet. La BDAF (comme le Crédit Mutuel) va d’ailleurs poursuivre sa démarche d’accompagnement en allant s’installer, avant la fin de l’année, sur le site. Cette nouvelle agence BDAF, entièrement équipée d’automates pour les opérations courantes, sera essentiellement une banque réservée à la clientèle des entreprises avec des conseillers spécialisés. Les particuliers pourront bien entendu accéder aux automates pour toutes leurs opérations, évitant ainsi le trajet jusqu’à Marigot. Indubitablement, le positionnement des banques dans la zone appelée à se développer considérablement, est un atout majeur. Au passage, notons que la BDAF, via une de ses filiales, peut aussi intervenir (elle l’a déjà fait à Saint Martin) en capital risque, mais aussi en financement de la Collectivité. Lors de sa visite, Yves Jégo a mentionné les possibilités de montage au profit de notre île qui passent par le concours complémentaire des banques. Le positionnement des banques locales dans le dossier de Hope Estate est une avancée appréciable pour l’avenir.■ YK |
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Le CARICOM |
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Le CARICOM (marché commun des Caraïbes) a été créé le 1er août 1973 par le traité de Chaguaramas, succédant, sans d’ailleurs nécessairement remplacer, à d’autres initiatives dans le même esprit (Fédération des Indes Occidentales (1958), West Indies Association (1966), Eastern Caribbean Common Market (1968), etc…). Reposant essentiellement au départ sur l’agriculture, ce regroupement de petits pays du bassin caribéen voulait d’une part permettre le développement d’un marché interne, et d’autre part disposer d’un poids plus important face aux grandes structures internationales (comme l’OMC). |
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Fondé à l’origine entre pays de langue anglaise issus du Commonwealth, quinze pays en sont membres : Antigua et Barbuda, les Bahamas, la Barbade, le Belize, la Dominique, la Grenade, le Guyana, Haïti, la Jamaïque, Montserrat, Saint Kitts et Nevis, Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines, le Suriname, Trinité et Tobago. Neuf autres pays sont inclus dans l’organisation au titre d’observateurs : Aruba, la Colombie, les Antilles Néerlandaises, la République Dominicaine, Puerto Rico, le Mexique, le Venezuela. Cinq états y sont associés : Anguilla, les Bermudes, les îles Caïmans, les îles Vierges Britanniques, les îles Turks and Caïcos. Les 15 membres associés regroupent quand même 15 millions de personnes (2005). Historiquement, l’économie de ces îles a toujours été tournée vers l’agriculture et l’organisation a donc eu pour but d’une part de favoriser le marché interne, mais surtout de faciliter l’exportation principalement envers les Etats-Unis et le Canada avec qui ont été négociés des accords de libres échanges. Ceux-ci ont été globalement bénéfiques à la zone, même si malheureusement la proximité due aux liens économiques a eu pour conséquence l’importation d’un mode de vie pas toujours adapté à la culture locale. Le marché intra membres représente seulement 17% du total des échanges, le reste se répartissant pour moitié vers les USA, et le reste vers le Canada, le Royaume-Uni, le Japon et enfin l’Europe. Mais ce faible pourcentage global de marché interne recouvre parfois des réalités très importantes, avec par exemple les Bahamas qui doivent importer 80% de leurs besoins alimentaires tout en ayant un très haut revenu par habitant (52ème rang mondial). Là où cela commence à intéresser Saint Martin, c’est que le CARICOM a accès au marché européen aux conditions établies dans la IVème Convention de Lomé de 1995. Ces accords ont été même étendus à certains pays du bassin caribéen qui ne sont pas membres du CARICOM. Etant donné que nous sommes dans la Communauté Européenne, ces accords devraient s’appliquer aux DOM français, au moins à l’importation. C’est-à-dire que ces pays ont donc en principe un accès à notre marché, mais pour des produits comme la banane, le rhum, le sucre, le bœuf (mais sans rien exclure d’autre). A Saint Martin, c’est même encore plus simple que cela. Comme il n’y a pas de douanes ici, en pratique, on peut importer librement n’importe quoi. Par contre, aucune réciprocité n’existe malgré cette facilité. Or, nous constituons pour ces pays un intérêt certain puisque une zone en monnaie forte et à haut pouvoir d’achat. Dans les faits, les entrées en provenance de la Caraïbe sont malgré cela faibles, mais pourraient constituer en cas de rapprochement une concurrence forte pour notre développement. Par exemple, l’agriculture dont on entend épisodiquement parler comme une des possibilités de développement de Saint Martin, serait fortement concurrencée, et donc tuée dans l’œuf, par une ouverture sans précautions à ces pays à faible coût de main d’œuvre. Le problème est pour le moment dans l’autre sens. Nos entreprises locales, actuelles, ou futures, sont doublement mal positionnées face à ce marché, pourtant intéressant et en plein développement, par des taxes d’importation parfois très élevées. Si l’on veut développer notre économie, il y a certainement là une piste à creuser. De même que protéger notre entrée d’une manière sélective par une taxe comme cela se fait à Saint Barth via un droit de quai (sur tout ce qui rentre), qui, pour avoir déjà par deux fois été jugé illégal par le passé, n’en est pas moins d’application et alimente l’économie locale tout en la protégeant. On le voit, la coopération économique au sein d’un marché proche, donc en principe logique, ne peut se faire d’une manière naturelle sans un minimum d’encadrement. Mais ce n’est certainement pas pour cela qu’il faut négliger cette ouverture. Aujourd’hui, il existe moins d’une dizaine de sociétés exportatrices à Saint Martin. Leur seule chance est de se situer dans des créneaux haut de gamme qui, par définition, sont amenés à s’amenuiser au fur et à mesure du développement des concurrents. Entrer au CARICOM pourrait prolonger cet aspect concurrentiel. Mais cela ne peut se faire sans garantie, ce que notre structure d’île bi-nationale et sans douanes de notre côté ne rend pas simple. La Collectivité, pour le moment, est en attente de la fixation du futur statut de Saint Martin au sein de l’Union Européenne qui ne sera effectif qu’avec la signature du Traité de Lisbonne. Pour le moment en effet, nous ne sommes qu’inscrits à titre temporaire dans la liste de l’Europe (à cause de notre changement de statut et notre émancipation de la Guadeloupe). Une fois Lisbonne signé, la Collectivité devra se positionner sur l’intérêt qu’il y aurait à rentrer dans le Caricom. Des rencontres ont déjà eu lieu, dont l’une tout récemment, mais sans qu’une démarche réelle ne soit encore posée. Il existe aussi une forme de compétition avec divers autres programmes comme INTERREG IV, dont nous pouvons être bénéficiaires sans avoir comme dans le cas du CARICOM à payer un droit d’entrée, puis ensuite une cotisation, même modulable, d’après les derniers échanges. Avec les grands programmes européens, le CARICOM perd peu à peu de son intérêt. ■YK |
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Exclusif, une centrale nucléaire à Saint Martin |
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Cela se murmurait depuis quelques temps, mais il semblerait bien que la visite de Mr Jego ne soit pas induite uniquement par le souci d’expliquer aux élus la Lodeom, mais bien aussi pour confirmer l’avancée d’un grand projet que des indiscrétions mises bout à bout nous ont permis de reconstituer. Le chantier qui semble en phase de signature pourrait bien changer l’avenir économique de Saint Martin, et même plus largement des Leeward Islands. |
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En effet, Saint Martin semble avoir été choisie par le Gouvernement pour l’implantation de la future centrale électrique ultra puissante qui alimentera tout le nord de l’arc antillais via des accords régionaux, ce qui permettrait à terme d’uniformiser la production de courant dans ces îles et d’en réduire le coût. On est évidemment encore loin des appels d’offres, et encore plus de la construction, tant il est vrai qu’un chantier de cette envergure réclame des délais qui se chiffrent en années. Nous l’avons tous constaté, la production d’électricité dans nos îles est aléatoire, même dans des îles plus grandes comme la Guadeloupe ou la Martinique. Chez nous, l’électricité est produite à la centrale de Galisbay, avec une puissance installée de l’ordre de 100 MW, grâce à des moteurs diesels. Malgré la fiabilité de ces moteurs, les exigences d’entretien et les pannes conduisent à des arrêts fréquents, la puissance étant alors répartie sur d’autres unités. Mais cela ne va pas sans variations, bien souvent fatales à nos ordinateurs quand ils ne sont pas protégés. La partie hollandaise semble elle encore plus mal lotie que nous avec un taux de pannes plus élevé. Sur les îles voisines, le problème est le même, voire pire, accru par une double insularité (ils dépendent pour leurs approvisionnements d’une autre île alors que nous avons des lignes maritimes directes). Le matériel est plus vieux, moins bien entretenu. Mais l’aspect le plus important à retenir est celui du coût de la production de ce courant qui est partout déficitaire. En effet, produire du courant avec un moteur diesel, si c’est une bonne solution pour les petites puissances de nos groupes de secours ou sur les bateaux, est vraiment très coûteux (et polluant) dès lors que la puissance s’élève. Le courant produit aux Antilles est deux à trois fois plus cher qu’en Métropole (produit à 83,7% par le nucléaire), raison pour laquelle l’Etat prend à sa charge une partie de la facture. Comme d’ailleurs dans les autres îles où les gouvernements locaux doivent assumer au nom du service public une partie des coûts. Devant cette unanimité régionale, une idée a germé dans un bureau d’études parisien qui a rapidement fait son chemin vers les ministères et plus exactement vers la rue Oudinot (Ministère de l’Outre-Mer) ainsi que du côté de Borloo (Développement Durable). Pour y trouver un accueil favorable. C’est ainsi que deux projets d’implantation de centrale électrique de forte puissance ont été décidés, l’un en Guadeloupe destiné à alimenter la Martinique, la Dominique, Sainte Lucie et sans doute dans un deuxième temps les îles plus au sud. Une autre implantation a été envisagée et est en voie de finalisation et là, c’est Saint Martin qui a été retenue. D’ici deux à trois ans pourrait ainsi débuter la construction du deuxième réacteur nucléaire EPR construit en Europe après Flamanville. D’une puissance sans doute un peu inférieure (1500 MW au lieu de 1590 MW), avec un coût estimé à 3,3 milliards d’euros, il est issu d’une coopération franco-allemande. Conçu à l’origine par Framatone, filiale d’Areva en coopération avec la firme allemande Siemens, sa construction devrait faire appel à plus de 2000 personnes, dont, et c’est là que cela nous intéresse directement, 800 dans le domaine du BTP. Saint Martin a été retenue pour plusieurs raisons. Le choix du site tout d’abord. La Pointe des Canonniers, à l’emplacement de l’actuelle station d’épuration (qui n’épure d’ailleurs rien du tout d’après nos informations. En panne depuis Omar, elle rejette tout à la mer sans traitement) qui serait d’ailleurs intégrée au site. Le fait aussi qu’à part une ou deux villas, d’ailleurs assez anciennes à exproprier, il existe assez de réserves foncières (à acheter au lotisseur), tout autour pour l’ensemble des installations. Autre avantage, les énormes tours réfrigérantes seraient situées au bord du rivage et le panache partirait directement en mer. On aurait même pensé aux déchets. Les limons argileux de Tintamarre pourraient constituer un site de stockage par enfouissement idéal (c’est peut-être pour cela que le Ministre est allé faire un tour dans ce coin-là avec le bateau de la Réserve Naturelle…). Ensuite, la disponibilité de personnel dans la mesure où il y a largement assez de chômeurs sur l’île, généralement pas manchots, que l’on peut aisément reconvertir à la construction. Autre avantage, la présence de l’aéroport qui assure une desserte directe depuis l’Europe pour acheminer personnels et cadres spécialisés qui ne feraient que des périodes de 6 mois (la construction devrait durer cinq ans). Enfin, ce qui a pesé très lourd, c’est l’absence de risques (apparemment) de mouvements sociaux. Seul petit bémol, l’entreprise a besoin d’environ 1000 électro-mécaniciens. Ce serait peut-être bien que le lycée professionnel envisage d’ouvrir des filières. Bien sûr, il est trop tard pour former des ingénieurs, mais pour des techniciens, qui représenteront la majorité du personnel, nous sommes tout à fait dans les temps. 200 personnes sont aussi prévues pour le tertiaire, pour les bureaux, l’administration, etc, ce qui devrait aussi pouvoir être trouvé à 80% sur place. Parallèlement à ce grand chantier, des câbles sous-marins seront posés vers les autres îles (coût non inclus dans les 3,3 Md€, env 2,5M€/km). Les anciennes centrales ne seront pas démontées, au cas bien improbable, mais pas nul, ou une panne de distribution affecterait le réseau (rupture de câble sous-marin). Bref, un très beau projet, apparemment bien avancé, qui, s’il se réalise, apportera à Saint Martin une richesse considérable par la valeur du chantier, mais ensuite par son fonctionnement. En phase d’exploitation, ce seront entre 350 et 400 personnes qui seront sous contrat. Et sans grand souci d’emplois, parce que d’une part la consommation d’électricité ne cesse d’augmenter, mais aussi parce qu’une centrale de ce type a une durée de vie de 60 ans. Une chance pour Saint Martin. ■ Primera APRIL |
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